JEAN-FRANÇOIS DUBREUIL, QVR1, Le Bien Public, 07/03/08, 77 x 57,5 cm

La galerie St-Hilaire présente MÉMOIRE VIVE, une exposition consacrée à l'artiste français Jean-François Dubreuil, avec un ensemble de peintures caractéristiques de sa démarche et aux formats très variés.

À l'origine de tout tableau de Dubreuil, il y a un journal, un titre de la presse écrite. L'artiste transcrit sur la toile le journal, cet objet familier et populaire, en des surfaces ou des diagonales de couleurs vives, faisant disparaître son contenu, titre, écrits journalistiques, photos, publicité, météo et programme télé, faisant dire bien à propos au critique d'art Jean-Claude Le Gouic, devant les oeuvres de Dubreuil : « tout à voir, rien à lire » 

Maquette, grille de composition, espaces rédactionnels, nombre de pages, tous ces éléments constitutifs du journal sont strictement respectés et rendent compte, selon une échelle déterminée, de la réalité du support. Pour autant, l'artiste, à travers sa grille d'analyse qu'il définit à chaque fois, opère un glissement de ce support matériel vers une représentation non-figurative et fondamentalement picturale. Car au-delà de sa démarche conceptuelle, l'artiste reste attaché aux fondamentaux de la peinture et de ses composants - tels que châssis, pinceaux, toiles, et pots de couleur aux mélanges maison - et revendique une pratique proprement picturale.

En ce qui concerne précisément les couleurs, celles-ci sont utilisées comme code pour différencier les espaces et non à des fins symboliques ou optiques. On leur prêterait plutôt un rôle de marqueur, ainsi la croix formée de doubles diagonales. Leur ordre d'apparition est aléatoire - l'artiste le tire au sort – et elles s'approprient la surface de la toile au gré du protocole défini au départ par l'artiste. En invitant le hasard au cœur de ce programme singulier, l'artiste rend possible des rapports et collisions chromatiques inattendus, souvent étonnants, toujours convaincants. Seul le rouge, un rouge cadmium pur, couleur signalétique par excellence et qui tel un fil conducteur traverse toute l'œuvre de l'artiste, marque invariablement l'emplacement des publicités. Les couleurs, vives et intenses, forment une gamme propre à Jean-François Dubreuil et révèle une identité visuelle immédiatement reconnaissable.

L'œuvre de Dubreuil jongle avec le temps et l'espace. La presse écrite, sa matière première depuis plusieurs décennies, assemble et mémorise les informations. C'est le temps du passé que rejoint celui que nous, spectateurs, expérimentons devant le tableau, le temps du présent. Leur mise à plat fait écho à celle de la composition bidimensionnelle du tableau : l'arrière-plan du passé et le premier plan du présent ne forment plus qu'un sur la surface de la toile, arrêtés et fixés à jamais par la peinture.

BIOGRAPHIE

Né en 1946 à Tours (F), Jean-François Dubreuil vit et travaille à Paris.

En 1975, avec un groupe de peintres, il participe à la création d'une galerie associative, la Galerie 30, qu'il codirigera jusqu'à sa fermeture en 1987 et où exposeront des artistes tels que Vera Molnár, Marcel Alocco et Pierrette Bloch

En 2015, il est invité à participer au colloque sur « Les devenirs artistiques de l'information » organisé par l'Université Paris 2. Bien représenté au sein de la Donation Albers-Honegger conservée à l'Espace de l'Art concret à Mouans-Sartoux (F), Jean-François Dubreuil est lauréat en 2016 du Prix Aurélie Nemours.

Exposé régulièrement en France et en Europe, le Centre d'art contemporain Bouvet-Ladubay à Saumur (F) lui consacre une rétrospective du 24 mai au 26 octobre 2025 (www.centredart-bouvet-ladubay.fr).